jeudi 27 décembre 2007

Gustave Courbet au Grand Palais

L'affiche m'a tout de suite donné envie: un autoportrait de Gustave Courbet à 24 ans qui explose au visage.

J'avais traîné des pieds pour aller voir Ferdinand Hodler (1853-1918) à Orsay, justement à cause d'une affiche représentant une montagne bleue (La pointe d'Andey, vallée de l'Arve en Haute Savoie) qui me déplaisait totalement et ne rend pas justice à ce portraitiste de talent.

Mais j'avais remarqué que souvent pour présenter une exposition, ce n'était pas la plus belle oeuvre qui était mise en avant mais souvent un repoussoir ou une peinture secondaire.

Maurice Denis, les peintres russes du 19ème, Hodler (toutes ces expositions ont eu lieu au musée d'Orsay) n'avaient pas, à mon avis, une affiche à la hauteur du contenu de leurs expositions.

Mais là pour Gustave, changement de cap, on revient à la belle ouvrage. Son autoportrait dans l'éclat de sa jeunesse. Dans l'ensemble des portraits présentés des années 1840 -1850, certains ont cet éclat, ce vivant. Mais plus du tout quand il vieillit. Les portraits sont de qualité, mais sans flammes.

J'ai beaucoup aimé la mort du cerf, un grand tableau de chasse dans la neige.

J'aime moins les autres scènes de chasse qui sont, soient sombres (le goudron?), soient sans relief (il peint le fond et ajoute des animaux, sans souci de l'ombre portée par exemple).

Ses nues sont pour la fin de l'exposition. Ils sont magnifiques et les seins des femmes sont bien jolis.









Les deux femmes nues et sensuelles du grand tableau "le sommeil" sont magnifiques.

Cet homme aimait les belles femmes callipyges et ne devait pas s'ennuyer dans son atelier.

La pose est très osée pour l'époque. Et à notre époque je ne connaîs aucun peintre connu qui peignent des femmes en émoi érotique. pourtant c'est bien joli.
Le sommeil de coubet

De même "Les Demoiselles des bords de la Seine" me semble présenter une femme au premier plan qui est alanguie de torpeur après avoir fait l'amour comme jamais. (Quel prétentieux ce Courbet) . D'ailleurs son dos est curieusement déstructurée (comme une poupée un peu bossue)


demoiselles des bords de seine de Courbet

L'origine du monde m'a semblé grande et belle, car dans une petite salle. A Orsay elle était perdue dans une grande salle.

Les photographies exposées représentent un Courbet, plus rond que sur ses autoportraits, moins attirant. D'après, un biographe, il est obèse et alcoolique à la fin de sa vie. http://www.lagruyere.ch/archives/2004/04.08.10/magazine.htm






mercredi 8 août 2007

La plastination, l'anatomie devient du grand art

Cette image provient du site http://www.marcsteinmetz.com/pages/plastination/plastination01.html


La plastination est une méthode de conservation créée en 1977 par l'anatomiste Gunther von Hagens.
L'originalité de la démarche est que c'est devenu de l'art.
Une quarantaine d'exposition "BODY WORLDS" (LE MONDE DU CORPS ) ont eu lieu depuis 1995 en Europe, Asie, Etats-unis, Canada.
Ces"écorchés" sont comme vivants. La méthode de conservation à base de silicone (voir le procédé dans wikipédia, c'est très intéressant) permet de manipuler les ...substances avant de durcir l'ensemble.

Ainsi on obtient de véritables sculptures de corps.
Par ailleurs, tout ce qui touche à la mort, est toujours difficile à accepter. Déjà Michel Ange à une époque où la dissection était interdite, pensait qu’un bon sculpteur devait parfaitement connaître l’anatomie. Il a disséqué des cadavres non réclamés à l'hôpital Santo Spirito. Il avait 18 ans environ. Il en a donné l'idée à Léonard de Vinci. Si le peuple de Florence l'avait su, sans doute n'aurait-il pas été qualifié de "divin".
Gunther von Hagens lui fait l'inverse. C'est sa profession d'anatomiste qui le conduit à cette forme d'expression artistique.
Finalement c'est sur la provenance des cadavres qu'il pourrait y avoir contreverse (condamnés à mort des prisons en Chine dont les familles n'auraient pas été avisées). Mais je n'en sais pas plus.
Gunther von Hagens est un personnage peu rassurant: il est allemand (hors contexte cela n'a pas d'importance bien sûr), il a un chapeau noir et un look blafard 1940 (n'entretient-il pas un peu le mythe?).
Pour moi qu'un mort soit enterré, incinéré, c'est pareil.
Qu'il soit plastiné ou momifié c'est également pareil, puiqu'ils passent l'un et l'autre à la postérité.
Les écorchés fascinent et gènent, dans la mesure où l'on sait que ce sont, à l'origine des vraies personnes.
Si c'était du plastique le jugement de "l'oeuvre" serait plus objectif. On resterait sans doute génés, un peu comme une peinture de BACON (genre étal de boucher) peut nous créer un certain malaise (d'ailleurs n'est-ce pas ce malaise qui en a fait un peintre reconnu?).
Je ne sais pas si c'est le procédé qui est seulement en cause (les couleurs sont vives, un peu comme une planche d'anatomie) où ce que Von Hagens en fait. Autrement dit, est-ce que si l'on maitrise la technique (le temps total de préparation est d'environ 1 000 heures pour un corps entier) cela suffit à produire des "sculptures" dignes de ce nom ou faut-il en plus avoir un tempérament d'artiste?
Dans le premier cas c'est le hasard, et le hasard peut aussi être de l'art au même titre que le deuxième cas.

Ron Mueck à l'expo Mélancolie, génie et folie en Occident

Lors de l'exposition "Mélancolie, génie et folie en Occident" qui s'est tenue au grand palais du 13 octobre 2005 au 16 janvier 2006, j'ai été particulièrement frappée par la sculpture géante d'un gros homme nu (2000) de Ron Mueck artiste né en 1958(http://fr.wikipedia.org/wiki/Ron_Mueck pour sa vie et http://www.etrangedecake.com/mueck.html pour les images)
cette sculpture de 2000 est de dimension 203,8 x 120,7 x 204,5 cm de l'artiste australien est faite en résine de polyester pigmentée sur fibre de verre.
C'est sidérant. Du moins au jour d'aujourd'hui. Les sculptures en cire du musée grévin font pauvres à côté...

L'homme est blanc, gros, , totalement nu, le sexe pendant entre les jambes.
Les poils, un par un, tout y est et les yeux si vrais.

Je suis allée aussi voir d'autres de ses oeuvres à la fondation Cartier (23 Novembre 2005 au 19 Février 2006) .http://www.evene.fr/arts/actualite/exposition-ron-mueck-a-la-fondation-cartier-252.php

Il y avait une sculpture d'un géant ( Wild Man, 2005. Matériaux divers. 285 x 162 x 108 cm) très impressionnante car très haute (presque 3 m) . l'homme est également nu, avec toujours les poils posés un par un (et il y en a beaucoup) . On voit bien les veines et mêmes les trous sur le coude (comme s'il avait enlevé son pullover à grosse maille après s'être accoudé longuement dessus). Bref un réalisme époustouflant.

A côté une paire de vieilles dames plus petites que nature (Two Women, 2005, 85 x 48 x 38 cm),
puis un couple minuscule couché "à la cuillère" ("Spooning Couple" 14 x 65 x 35 cm) .

Je me suis approchée au plus près pour voir les détails, j'avais envie de toucher, comme tout le monde apparemment car une gardienne a devancé mon envie en me disant "il ne faut pas toucher les oeuvres".

Je me demande si les florentins ont eu le même effet de sidération en voyant les premiers le David de Michel-Ange? Ont-ils été géné par sa nudité?

Les vieilles dames habillées me mettent autant mal à l'aise que le couple accouplé ou la grande dame dans son lit, ou le gros homme nu.

On observe tous les détails de la veine bleue, au point noir, au trou de la peau, au poil et au cheveu parfois gras ou rare, et au ongle du gros orteil.

Peut-être que les personnages plus petits sont plus fascinants encore, car on peut les appréhender à 100% sous toutes les coutures en un coup d'oeil?

On les observe comme des bêtes curieuses et qu'en même temps c'est nous ou le voisin que nous décortiquons du regard. On a le droit de les dévisager, ils peuvent voir qu'on les voit (du moins c'est ce que l'on ressent) : nous sommes des voyeurs acceptés.

Ces personnages sont plutôt laids, pas mis en valeur, mais il nous fascinent. C'est une façon de nous regarder soi-même sans complaisance, comme si on se voyait de l'extérieur (ce que l'on a du mal à faire, même avec le plus de recul possible).

Pour moi, si l'art contemporain a un sens, il peut l'avoir grâce à Ron Mueck aujourd'hui.

Peut-être sera-t-il démodé rapidement par la réalisation des robots (d'ailleurs, peut-être fera-t-on appel à lui pour les "customiser").

C'est sûr que si en plus, ces personnages bougeaient, nous aurions peur.

Si on fabrique des robots qui nous ressemblent à la façon "Ron Mueck", mais de la même taille que nous, pourrons-nous le supporter? Nous y habituerons-nous?
Est-ce la taille (plus grande ou plus petite que notre échelle) qui crée le malaise ?